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Le politique au secours du commerce, une bonne idée ?

30/03/2023 | FR / NL

Hier, on pouvait lire dans la presse que la direction de Colruyt venait d’interpeller le ministre du Travail, Pierre-Yves Dermagne, au sujet du cas de Delhaize et du sort de la grande distribution. Colruyt demande notamment à ce que le système des commissions paritaires du secteur soit simplifié et rendu « plus équitable ». 

Le Ministre se montrerait sensible à cette demande puisque qu’il avait déjà la semaine dernière interpellé les interlocuteurs des différentes CP à ce sujet. Dans la réponse qu’il a formulée à la direction de Colruyt, il dit se questionner sur le paysage des commissions paritaires compétentes dans le commerce et sur la concurrence déloyale qui y est liée. Il invite également les interlocuteurs sociaux à entamer un dialogue à ce sujet. 

Le SETCa se réjouit que le monde politique porte une telle attention au dossier Delhaize, au fonctionnement du secteur commerce en Belgique et à son avenir. 

Disons-le d’entrée de jeu, l’avenir des CP du commerce, c’est l’affaire des interlocuteurs sociaux, nous devons prendre le temps de trouver les solutions les plus adéquates pour le secteur et cela comprend différents aspects. 

Nous y revenons ci-dessous. 

Le problème le plus aigu dans le dossier Delhaize, c’est la faculté de la direction d’éviter, d’éluder l’application d’une loi pourtant protectrice des travailleurs : la loi Renault et le processus d’information/consultation/négociation qui y est lié. C’est la faculté de la direction de nier qu’un licenciement important sera occasionné par la franchise des magasins. C’est le scandale d’une direction qui se débarrasse de son passif social et de toute négociation. 

C’est de cela que devrait s’émouvoir tout le monde politique. Il faut renforcer les mécanismes légaux qui empêchent cette ingénierie asociale. C’est de cela que les travailleurs ont besoin !

Quel avenir pour les CP ? 

Nous n’avons pas l’habitude de communiquer ni par slogan ni par presse interposée : depuis plus de 25 ans, les organisations syndicales demandent à avoir un débat sur l’harmonisation des commissions paritaires. Aucun dialogue n’a été possible avec les organisations patronales à ce sujet pendant ces années. Trop souvent, les organisations syndicales sont taxées de rigides. On leur reproche de ne rien vouloir changer. À côté de cela (comme on le constate actuellement chez Delhaize), des employeurs sans scrupules tirent habilement les ficelles pour faire de l’ingénierie sociale : opérer une restructuration déguisée sous couvert de la franchise. 

Ce shopping patronal parmi les commissions paritaires n’est pas un fait nouveau. Cela fait belle lurette que nous dénonçons des pratiques de dumping social auprès de certains employeurs, qui opèrent des fausses franchises, ou des indépendants qui ont plusieurs magasins. Pour eux, c’est ainsi éviter le paiement des salaires et des avantages sociaux négociés dans les organes dans les commissions paritaires où les organisations syndicales sont présentes et faire de la moins-value sociale constamment. 

Nous sommes donc également heureux d’apprendre que certains employeurs, comme Colruyt, voient enfin la nécessité d’avoir un dialogue sur le fonctionnement du secteur du commerce en Belgique. 

Au-delà de la question des commissions paritaires, il y a également d’autres enjeux fondamentaux qui doivent être abordés. Suite à l’évolution de la société et au changement des habitudes de consommation, le visage du commerce s’est profondément modifié ces dernières années. Des aspects majeurs (tels que l’e-commerce, le commerce transfrontalier, la concurrence entre les enseignes, la pression sur les conditions de travail, etc.) doivent également faire l’objet d’une discussion approfondie et sereine. Depuis 10 ans, nous bataillons pour mettre en place une table ronde, avec les organisations patronales, sur l’avenir du commerce. À chaque fois que nous avons interpellé le monde patronal du commerce à ce sujet, on nous a envoyés balader.

Le secteur du commerce se meurt à petit feu. Nous espérons que la crise chez Delhaize, la détresse des milliers de travailleurs et les nombreux appels du pied qui ont suivi permettront au monde patronal de prendre conscience de l’urgence de la situation. Le 17 avril prochain, les organisations syndicales remettront aux employeurs leur cahier de revendications dans le cadre des négociations sectorielles. Une action syndicale se tiendra symboliquement ce même jour à Bruxelles et rassemblera les travailleurs de tout le secteur. 

Le message : les choses doivent bouger dans le commerce. Stop au dumping social dans le secteur. Alors, Mesdames, Messieurs les employeurs : mettons-nous enfin autour de la table pour discuter sans tabou de tous les sujets et donner une chance au commerce en Belgique et à ses travailleurs. Non à l’ubérisation du secteur. L’emploi de qualité, de belles carrières doivent être possibles pour tous les travailleurs et travailleuses du commerce !

Du côté du monde politique, nous appelons nos décideurs à renforcer la protection des travailleurs via notamment  la loi Renault pour empêcher qu’à l’avenir, des dérives vicieuses d’ingénierie asociale comme celles pratiquées par le géant Delhaize ne puissent plus se reproduire.